top of page

La perméabilité du développement Southeast False Creek  analysé selon la méthode de Bentley

La perméabilité au sein d’un développement urbain est l’un des fondements pour un bon design selon Bentley et all.  (1985).   Il entend par perméabilité la capacité qu’ont certains secteurs urbains à offrir une multitude de choix de déplacements, et cela pour l’ensemble des utilisateurs.  La vision idéale de l'auteur prétend qu'un jeune homme en pleine santé,  une dame âgée et un enfant au préscolaire doivent pouvoir se déplacer aisément dans le quartier,  s’y sentir en sécurité et comprendre rapidement la façon dont celui-ci est formé.  Ce principe doit aussi s’appliquer à l’utilisation des différents moyens de transports.  Il devrait donc être aussi facile pour un piéton de s’orienter et se déplacer dans le secteur, que pour un cycliste ou un automobiliste. Les façons de mettre en application ces intentions sont multiples.  Par contre, certains éléments de base fondent la manière de les concevoir.

Tout d’abord, la diversité de parcours pour se rendre d’un endroit à un autre est un élément essentiel à un développement perméable.  Effectivement, les occupants devraient avoir plusieurs choix pour se déplacer.  Dans le cas de Southeast False Creek, à chaque endroit du site, une diversité d’option de circuits s’offre à l’usager. La figure 1 expose bien cette observation. Le fait que le secteur soit développé selon une trame cartésienne aide beaucoup à cette perméabilité puisqu’elle crée de nombreuses intersections.  Sur cette même figure 1 on peut observer qu’il existe une hiérarchie de rues au sein du développement Southeast False Creek. Cette hiérarchie est établie de façon à avantager le piéton (CITY OF VANCOUVER, 2007). Ce dernier peut se promener aisément et rapidement dans l’ensemble du quartier. La situation est sensiblement la même pour les cyclistes.  Par contre, étant donné que le quartier est développé afin de favoriser le piéton, une série de parcours aménagés dans le site ne sont pas accessibles pour les automobilistes.  De plus, un autre type de parcours donne accès aux voitures mais de façon limité. En effet, l’aménagement de rues très étroites et de larges trottoirs et  le fait qu’il n’y ait pas de dénivellation entre la rue et les trottoirs illustre bien cette différenciation du type de parcours. De même, la proximité des résidences à la chaussée, l’interdiction de stationner des voitures sur ces rues et  la forte présence d’éléments près de la section carrossable (arbres, bollards et autres éléments d’aménagement paysager) contribue à marquer ce type de parcours.  L’ensemble de ces éléments fait en sorte que les voitures peuvent circuler de façon confortable sur seulement deux types de rues dans le quartier.  Il s’agit des parcours principaux qui sont des axes de circulations importants à l’échelle de la ville et qui  longent le quartier étudié. Des parcours d’implantation, qui sont les prolongements des rues des quartiers voisins, permettent une connexion à l’échelle du secteur.

En portant attention à ces deux derniers types de parcours,  nous pouvons remarquer que ce sont essentiellement ces voies qui permettent la perméabilité de Southeast False Creek face à la ville. Évidemment, étant donné la situation géographique particulière du quartier, avec la crique au nord et l’embranchement d’accès au pont de la rue Cambie street à l’Ouest, les connexions possibles sont assez limitées.  Ainsi les parcours principaux et les parcours d’implantation qui permettent la connexion avec la ville prennent d’autant plus d’importance.

Si l’on revient à l’échelle du quartier, on peut aussi remarquer que le développement est distribué sur de petits îlots. Selon Bentley et all.  (1985), pour être perméable, le fonctionnement d’un développement devrait être facilement compréhensible par un usager. Ce dernier devrait être capable de lire le quartier,  par les intersections et les rues qu’il emprunte, de cerner le principe général du quartier.   Un des facteurs qui aide à ce processus de compréhension est l’organisation du quartier par petits îlots.  Effectivement, en étant petits, leurs arêtes sont souvent plus visibles et les îlots subséquents, plus rapprochés, le sont nécessairement aussi. C'est ce principe de petits îlots qui augmente donc la  perméabilité de Southeast False Creek.

Dans cette même ligne de pensée, on peut constater qu’en plus d’être perméable par son plan, cet aménagement de petits îlots permet au quartier d’avoir une échelle adaptée aux déplacements piétonniers. Justement, la figure 2 démontre qu’un piéton peut traverser une grande portion du quartier en moins de cinq minutes (400 mètres).  De plus, selon l’orientation qu’il choisira, il pourra avoir accès à une diversité de fonctions. Il serait donc juste de dire que l’intention des concepteurs de créer un quartier favorisant les déplacements piétons a bien été réalisée puisque le quartier est conçu à l’échelle du piéton.

En poussant l’analyse à une échelle encore plus fine, soit celle de l’îlot, il est aussi intéressant de constater qu’un important travail de perméabilisation y a été fait ( voir figure 3).  Pour chacun des îlots, une séquence stratégique d’accès a été définie afin de rendre les cours intérieures accessibles à tous.  Malgré  le caractère semi-privé des cours, cet aménagement a pour conséquence de permettre à un grand nombre de personnes d’y transiter. La définition des façades avants et arrières de chacune des unités résidentielles a donc été analysée (figure 3).

Figure 4: Perméabilité

Il est très intéressant de constater que le principe de perméabilité fonctionne bien en plan, mais il est primordial de valider s’il est aussi efficace une fois le développement concrétisé. Tel que mentionné précédemment, il est fondamental que le principe de déplacement soit facilement compréhensible pour qu’un développement soit perméable. La lisibilité qui permet de comprendre le quartier a donc été analysée. Les figures 4, 6 et 7 démontrent que le tracé des parcours est facilement visible au sein du quartier. Un retrait important qui forme la place peut, notamment permettre une bonne vue des accès, comme dans le cas de la figure 4. De même, les accès peuvent être marqués par le choix de matériaux contrastants entre les divers bâtiments, tel qu’illustré à la figure 6 ou par des formes de bâtiment différentes (figure 7), où la différence de hauteur permet de comprendre cette distinction. Par contre, la figure 5 montre qu’il existe certains endroits ou cette lisibilité n’est pas présente. Dans un cas comme celui de la figure 5, où le parcours est très étroit, il aurait été judicieux d’utiliser des bâtiments ayant des caractères architecturaux distincts pour encadrer la voie. Ceci aurait permis d‘éviter la perception d’un seul grand bâtiment générée par le traitement actuel. Néanmoins, il reste que ce type de choix architectural est une situation isolée au sein du quartier et que, de façon générale, sa structure se comprend facilement.

Figure 5: Perméabilité

Figure 7: Perméabilité​

Figure 6: Perméabilité

En somme, on constate que le quartier est très perméable. On peut donc présager que les occupants utiliseront une multitude de parcours et que l’ensemble des résidences auront une visibilité importante de la rue. Dans un cas comme celui de Southeast False Creek, où les résidences sont très près de la rue, il est important de créer un filtre entre ces dernières afin de permettre le caractère privé des résidences.  Les figures 8 et 9  montrent bien l’attention que les concepteurs ont porté aux entrées principales afin de créer une privatisation de ces dernières sur les petites rues.  La figure 10 expose quand à elle la décision qu’ont pris les développeurs à utiliser les rez-de-chaussée donnant sur la place publique à des fins commerciales, destinés à faire profiter l’achalandage de la place aux commerces, mais aussi de permettre le caractère privé des résidences qui y sont localisées.

Figure 9: Traitement architectural

Figure 8: Traitement architectural

Figure 10: Traitement architectural

Tout compte fait, la trame cartésienne, le développement en petits îlots et la lisibilité des parcours font de Southeast False Creek un quartier perméable selon Bentley et all.  (1985).

Figure 1 : Hiérarchie des rues

Figure 2 : Rayon de marche

Figure 3 : Orientation des adresses

Source : Google Street View

Source : Google Street View

bottom of page